Devant l’étal du marchand de fruits et légumes…
« Bonjour madame, alors qu’est-ce que ce sera
aujourd’hui ?
- Bonjour monsieur, et bien j’hésite encore, je n’ai pas
d’idée pour le dessert…
- Si je peux vous conseiller, nous venons de recevoir de
superbes fraises bien charnues, regardez comme elles sont belles !
- Oui en effet, mais elles sont un peu chères tout de même…
- Ah un petit plaisir de temps en temps, ça ne se refuse
pas !
- … Je pourrai les faire avec un peu de sucre, ça changera
un peu… Allez, je prends une barquette.
- Et avec ceci ?
- Et bien je vais prendre des tomates bien mûres surtout et
un poivron jaune pour faire une belle salade en entrée… et puis vous ajouterez
des poireaux et carottes pour faire une soupe ce soir : je suis
frigorifiée aujourd’hui… Ah et puis un chou frisé, une bonne potée réchauffera
tout le monde !
- Bonne idée, avec le gel qu’on nous annonce ces prochains
jours…»
Voila, madame est contente de son panier rempli de beaux
fruits et légumes.
Cependant, n’y aurait-il pas comme un truc de bizarre dans
ce panier… ?
Ne contient-il pas des « rencontres
improbables » ?
Avez-vous entendu parler de ce métier : marchande de
quatre saisons ? On l’appelait ainsi, cette petite dame qui sillonnait les rues
avec sa charrette à bras, pleine de légumes et de fruits… de saison.
Aujourd’hui ce métier a disparu et s’approvisionner en
fruits et légumes n’est plus un problème, que l’on soit rat des villes ou rat
des champs.
Mais c’est aussi devenu le temps du n’importe quoi !
Le temps de la consommation à tout va, sans plus aucun
respect des saisons.
Pas de problème pour manger des fraises en hiver ainsi que
des tomates et des poivrons par exemple.
Sauf que cela n’a aucun goût !
Je crois que par la force des choses, beaucoup de
consommateurs ont aujourd’hui perdu leurs repères. Si vous êtes dans ce cas,
regardez sur Nénette : il y a de nombreux liens qui vous permettent de
consulter et télécharger des calendriers afin de savoir quelle
s sont les
productions de chaque mois.
Avant d’acheter fruits et légumes, prenons la peine de lire
leur provenance sur les étiquettes.
Evitons tous ces fruits et légumes qui nécessitent de longs
transports avec leur lot de nuisances environnementales.
Du plus, fruits et légumes qui mûrissent dans les frigos
d’un bateau doivent souvent être traités avec des produits facilitant leur
conservation.
Un calcul a été fait concernant les fraises en hiver. Un
kilo de fraises = 5 litres de gasoil.
Je mettrai un bémol à ce conseil à propos des fruits
exotiques que l’on ne trouve pas dans nos régions.
C’est actuellement la saison
des ananas, grenades et autre kakis. Il faut bien les faire venir des pays où
ils poussent si nous voulons profiter de leurs bienfaits et du plaisir de les
déguster. Il en va aussi de l’économie de ces pays.
Méfions-nous aussi des étiquettes indiquant que le produit
est français.
La loi n’exige pas de préciser si la production a poussé
sous serre et cela fait toute la différence.
La culture sous serre nécessite jusqu’à neuf fois plus
d’énergie qu’une production à l’air libre. Il faut utiliser un système de
chauffage continu pour maintenir une température ambiante stable, avoir parfois
recours à des lumières artificielles… sans compter évidemment l’ajout de
produits chimiques…
C’est comme cela que des tomates françaises se trouvent sur
les étals tout au long de l’année.
Ne pensez-vous pas qu’il serait plus que temps d’être
raisonnables ?
Avons-nous réellement besoin de manger des fraises en hiver, des tomates et des
poivrons, pour ne citer que ceux-là ?
Des aliments chers et insipides, qui de surcroît nous
apportent bien peu de nutriments ?
Quelle satisfaction en retirons-nous ?
Il est plus que temps que nous remettions nos deux pieds sur
notre bonne terre nourricière et que nous retrouvions le cycle naturel des
saisons.
Et on peut le faire !
L’idéal est bien entendu d’avoir son propre lopin de terre,
mais ce n’est pas donné à tout le monde.
Pensez aux marchés en privilégiant les maraîchers locaux,
aux associations comme l’Amap, la Ruche… pensez aussi à aller à la rencontre
des agriculteurs.
Quel meilleur moyen de profiter de fruits et légumes de
saison, tout en tissant des liens privilégiés entre producteurs et
consommateurs et ainsi développer l’économie locale !
Vous mangerez des fraises, des tomates et des poivrons lorsque
ce sera le bon moment et au moins aurez-vous la certitude de consommer des
produits savoureux qui auront pris le temps de mûrir selon leur rythme naturel.
Autre avantage, les produits de saison sont moins chers car
ils ne poussent pas sous serres chauffées et peuvent être cultivés près de chez
nous.
Faites preuve d’imagination pour consommer les produits du
moment : gratin, tarte, quiche, soupe, purée, compote… allez voir nos
recettes si vous êtes en panne d’idées ! N’oubliez pas les épices et les
herbes aromatiques (séchées, congelées par vos soins) : elles peuvent
sublimer un plat en une pincée !
Autre piste, les produits surgelés. Il vous est alors facile
de trouver toutes sortes de fruits et légumes crus pour sortir des sentiers battus !
Pensez aussi aux conserves en prenant toujours le temps de
bien lire leur composition.
Vous voyez bien qu’on peut le faire !
Je repense à ce que disait Coluche : il suffirait que ça ne
se vende plus pour que les gens n’en achètent pas.