Il faisait beau cet après-midi là.
L’automne offrait son meilleur profil, comme une invitation
à venir à sa rencontre.
Ni une ni deux, j’ai attrapé un gilet, j’ai sauté dans mes
bottes et je suis partie faire une balade en forêt.
L’air était doux, la brise légère, le soleil inondait
généreusement l’orée du bois.
Je me suis tournée vers ses rayons, pour sentir sa
caresse sur mon visage.
Les oiseaux avaient cessé de chanter depuis longtemps déjà.
Tout était calme.
Seuls mes pas sur les feuilles mortes rompaient cette
sérénité.
Une bogue est tombée à mes pieds, laissant s’échapper quelques châtaignes rondelettes.
Voila qui fera l’affaire des écureuils !
Tiens, n’en serait-ce pas un que je viens de voir filer dans
les branches là-haut ?!!
J’ai gravi une petite pente pour atteindre une clairière.
De là, j’ai pu admirer le versant de la colline en face et
je me suis assise sur ce tronc d’arbre couché là.
Peut-on rester insensible à
cette extraordinaire beauté que Madame Nature offre chaque année à cette
époque ?
Toutes ces couleurs lumineuses et chatoyantes qu’elle compose
sont comme un barouh d’honneur, un dernier festival mis en lumière par le
soleil rasant, juste avant que les paysages ne se voilent d’obscurité pour de
longues semaines.
Une excuse peut-être pour le dérangement à venir.
J’ai toujours eu beaucoup de mal à m’arracher à cette
contemplation.
...
Mais… il m’avait suivi la petite crapule !
Il était à quelques pas de moi le petit écureuil. Avec un
copain.
Dressés sur leurs pattes arrière, l’œil vif et malin, leur
longue queue en panache.
Ils me regardaient, leur pelage roux luisant dans la
lumière.
Je ne bougeais plus, osant à peine respirer de peur qu’ils
ne se sauvent !
Nous sommes restés ainsi un bon moment, moi en apnée et eux
prêts à fuir à la moindre alerte !
Mais voila, le soleil déclinait et faufilant ses rayons
entre les branches du chêne en face, il vint me chatouiller le nez, si bien que
je sentis venir l’éternuement auquel on ne peut se soustraire !!
Atchoum !
Et voila Tic et Tac en panique !
Ils se sont carapatés dans les fourrés et je les ai vus
rejoindre bien vite la sécurité d’un arbre tout proche.
J’ai attendu un peu, mais c’était trop tard.
Le charme était rompu.
Je me suis relevée ; dans un buisson de ronces, j’ai grappillé
quelques mûres parfumées qui m’ont taché les doigts.
Il ne me restait plus qu’à retourner sur mes pas, la
fraîcheur et l’humidité commençant à se faire sentir. Je pensais déjà au bon feu
que j’allumerai dans ma cheminée en rentrant.
Avant d’emprunter la route qui m’amènerait vers la civilisation,
je me suis retournée une dernière fois vers la forêt.
J’ai alors aperçu Tic et Tac qui se dépêchaient d’emporter
avec eux les châtaignes qui étaient tombées tout à l’heure !