lundi 10 février 2020

Fabrication du pain

Bonjour,



Comme promis, pour toutes celles qui suivent déjà ma méthode pour fabriquer le pain, voici un nouvel élément à prendre en compte dans la fabrication du pain et pour les différents rafraîchis du levain : c’est la température (de la pièce, de la farine, du levain, de l’eau, et de la pâte en fin de pétrissage)

Ceci est d’autant plus important que ça va conditionner toute la fermentation du pain.

En principe, lorsque vous prévoyez de préparer un pain, l’idéal serait d’amener à la cuisine votre farine le soir avant, afin qu’elle prenne la température de la pièce.
Le levain sera lui aussi rafraîchi dans les mêmes conditions en tenant compte de la température et en fermentant à température ambiante.
Il vous faudra donc un thermomètre de cuisine de ce type, il y a différents modèles sur internet.

Vous prenez le coefficient moyen de 70 (68 en été s’il fait très chaud et 72 s’il fait très froid)
Vous soustrayez la température de la pièce (par exemple 21)
Vous mesurez la température de la farine avec votre thermomètre et vous la soustrayez également (en principe, si vous avez mis votre farine dans la cuisine la veille, elle devrait être égale à celle de la pièce donc par exemple 21)
Et vous obtenez 28, qui sera la température de l’eau que vous allez utiliser pour pétrir votre pâte. On utilise la même méthode de calcul lorsque l’on rafraîchit son levain.
Attention toutefois en été, lorsqu'il fait très chaud, les résultats peuvent être faussés. Il ne faut jamais utiliser de l’eau avec une température plus basse que 26, même en été.
En fin de pétrissage, votre pâte devrait avoir une température de 25,5 à 26 degrés. C’est l’idéal pour bien commencer la fermentation de la pâte. Si la température est plus basse, il faut absolument mettre le pâton au chaud, dans votre four à 30 degrés par exemple ou près d’un radiateur. Il faut choisir l’endroit le plus chaud de la maison pour déposer votre pâte. C’est seulement dans ces conditions que votre pâton pourra se développer correctement

       

 Autre chose : le levain sera rafraîchi deux fois de suite (certains boulangers font même un triple rafraîchi) :
Par exemple, vous sortez votre levain du frigo vers 16 h, vous faites un premier rafraîchi vers 18-19 heures et un deuxième vers 22-23 heures, soit 4 heures après.
Ensuite vous le laissez fermenter durant la nuit, vous commencez à pétrir votre pain très tôt  le lendemain matin, vous faites les rabats habituels , vous placez votre pâton dans un récipient couvert d'un linge humide et le laissez reposer pour une première pousse de 4-6 heures.
Puis vous faites quelques rabats,  éventuellement vous divisez la pâte, vous mettez en forme votre pain et le déposez dans une corbeille recouverte d’un linge et laissez faire une deuxième pousse de 2 à 4 heures. Il faut surveiller car le four doit être chauffé assez tôt pour être prêt à temps.
La pâte est prête à enfourner lorsque, en appuyant dessus avec le doigt, la pâte reprend sa place immédiatement. S'il reste la marque du doigt, il faut attendre encore un peu.
Vous le retournez alors sur votre planche à enfourner bien farinée, vous grignez et enfournez dans le four en faisant de la buée (très important pour la croûte).

Voilà déjà quelques éléments à appliquer sur votre prochaine fournée de pain.

Je vous montre encore une vidéo de mise en forme de boule d'un pain. Comme vous pourrez le constater, il faut se servir de la table pour bien lisser le dessous du pain.



Et pour donner une forme allongée au pain, il faut tout d'abord faire une belle boule, puis il faut rabattre les deux oreilles, plier en deux du haut vers vous et appuyer sur la partie du bas pour souder les deux parties. ensuite, on travaille comme sur la vidéo. Vous verrez, la personne qui travaille (en bleu) est aussi inexpérimentée que moi et sur sa gauche, le boulanger (en blanc) lui montre quelques techniques.


Voilà donc ce deuxième élément à ajouter dans votre technique de fabrication du pain. Sur un prochain post, je vais vous donner en détails le processus de calcul des quantités de levain-chef, farine et eau pour rafraîchir le levain et les quantités pour la fabrication du pain. 

Ces informations sont un peu les secrets de fabrication du pain au levain par un artisan boulanger, qui travaille sans additif, uniquement avec des produits bio et qui arrive à obtenir des résultats que même certains boulangers ne peuvent pas obtenir avec de la levure et plein d'additifs. C'est épatant et ça demande beaucoup de doigté. Comme par exemple le taux d'humidité de la pâte (je vous l'expliquerai la prochaine fois), c'est beaucoup au toucher et au ressenti qu'il travaille et c'est ce qu'il a tenté de nous expliquer ce weekend, mais ça demande évidemment beaucoup d'expérience et c'est uniquement en pratiquant qu'on peut l'obtenir. Ca, je ne pourrai jamais vous l'expliquer.  C'est à force d'utiliser plusieurs fois la même farine et en modifiant légèrement les quantités et les temps de levée selon le résultat obtenu la fois d'avant, c'est en travaillant avec son coeur et ses émotions, sa sensibilité, son toucher, son ressenti, qu'on arrivera à un résultat. Le pain, ce n'est pas que de la technique, c'est surtout beaucoup de ressenti personnel et de sensibilité. Il faut travailler la pâte en mettant beaucoup d'amour et de ressenti dans vos gestes; et surtout, laisser parler vos émotions.



      

8 commentaires:

  1. Merci Sylvianne, tout ceci est un travail très technique et de précision. ..

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  2. C'est vraiment très intéressant ce que tu nous racontes Sylvianne, mais ça fait vraiment beaucoup de paramètres à maîtriser, à mémoriser. ...on sent que tu es vraiment passionnée par le sujet ! Je suis ravie de lire ton post 😊

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  3. Bien joli post et très intéressant.
    Merci Sylvianne

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  4. Oui, moi aussi, j'adore !! mais il faut presque être mathématicien pour parvenir à faire tous ces calculs.
    Je t'admire Sylviane! il faut vraiment être une passionnée comme toi pour faire du pain de cette façon !
    Quand je vois le temps que le boulanger met à faire son pâton !! je me dis que c normal que les boulangers ne le font pas! il leur faudrait combien d'heures pour arriver à faire une centaine de pâtons ??

    Par contre, je ne fais jamais cette histoire de température !
    maintenant je vais sortir ma farine la veille de mon frigo.
    Rafraîchir 3 fois son levain, je ne me vois pas le faire non plus!
    Déjà une fois c du boulot ! alors 3 fois!!

    Tu as dit que tu fais 3 pains par semaine ! donc ça te prend 3 jours par semaine et ...tu travailles !! mais comment fais tu ?

    Je ne trouve pas de baneton! il faut absolument que je trouve ça !
    tout ceux que je trouve ne sont pas ronds !

    Bravo en tous cas ! franchement! tu es unique Sylviane! je te jure ! je n'ai jamais vu quelqu'un faire du pain comme toi ! bisous

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  5. Coucou Gilda,
    En fait, c'est juste une question d'organisation. J ai quand même remarqué qu'avec 2 rafraîchis et l'utilisation d'eau tiède et de farines tempérées, ça aide pas mal.
    Moi je fais 2 à 3 pains par semaine, je m'organise pour rafraîchir le levain 2x le soir, je petris à midi et je finis le soir le façonnage et la cuisson. Les boulangers font pareil, ils travaillent par étapes et font autre chose entre deux. Et ils ont des techniques pour accélérer ou ralentir le processus de fermentation en utilisant la chaleur ou le froid. C'est juste une question d'organisation. Le boulanger chez lequel je suis allé travaille différemment. Il ne fait son pain que le vendredi et donne des cours les samedis et parfois les dimanches. Donc il commence le jeudi. Entre deux, je ne sais pas s'il a un autre travail... il vend dans son atelier le vendredi dès 16 h et livre dans certains restaurants. Comme c'est un pain qui se garde bien et qui se congèle aussi bien, il se débrouille comme ça.

    Des bannetons, tu en trouves assez facilement. J'en ai 4, deux ronds et 2 allongés, à chaque fois un petit et un grand. Regarde sur eBay en mettant banneton à pain, il y en a tout plein.
    Bisous et bonne soirée

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    1. J’ai oublié de te dire, Gilda, c’est que dans le vieux temps, les boulangers ne préparaient que une ou deux sortes de pain différentes. Il n’y avait donc que un à deux calculs à faire puisqu’ils préparaient peut-être 50 kg de pâte en un seul pétrissage. Et ils séparaient les morceaux de pâte lors du façonnage donc ça ne prenait pas beaucoup plus de temps que ce qu’ils font maintenant. C’est juste les temps de levée qui sont plus longs.

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  6. Bravo les filles, vous perpétuez la belle tradition!!! Notre consommation ou fabrication "responsable" favorise l’augmentation du nombre de boulangers " vertueux", et le nombre de producteurs et de meuniers aussi ( oui, je suis super positive lol!!!)
    Un petit reportage très bien fait et objectif sur le sucre aujourd'hui:
    https://www.youtube.com/watch?v=783w2bgCDaI Sarah

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  7. Quel boulot ! La boulange, ce n'est pas pour moi, c'est vraiment trop long et trop compliqué.
    J'admire ta patience et ta ténacité Sylviane !

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